jeudi 17 avril 2008

Conversation avec Lucien

J'ai appelle Tonton Lucien pour lui souhaiter un bon Pessah' a lui et a sa famille. Petite conversation sur Maman, dont il dit: "Je ne me souviens d'aucune engeulade avec elle. Elle a toujours ete gentille avec moi, elle m'a toujours protege, en tous moments. Elle a toujours ete ma protectrice. J'ai toujours ete sous son aile".



J'ai parle a Lucien de mon projet de faire un livre sur maman, ou en tout cas un compendium de textes sur elle, relatant sa vie, avec des souvenirs, des photos, etc. Pour moi l'equation est simple. Une fois Lucien, Margueritte, papa parti (que leur depart soit le plus tard possible!), nous seront dans le vide le plus complet sur la jeunesse de la grande et unique Mali Herzberg. Gennevieve et Nathalie pourraient combler un peu, mais il faut capturer sans plus tarder les souvenirs des uns et des autres.

Si on associe ces souvenirs avec des photos et documents, on peut produire un document / livre / biographie etc. qui reste pour les generations futures. On en a besoin pour nous, nos enfants et petits enfants. La memoire s'estompe trop vite. Lucien me disait, que si on avait fait ca avec la Tante Madeleine, alors la on aurait eu des vrais infos... Donc, ne faisons pas la meme erreur plusieurs fois...

J'avais embauche un biographe pour faire le biographie de maman a peu pres 18 mois avant son deces. Malheureusement, maman etait au plus mal lors de sa visite a Paris. Le projet est tombe a l'eau car ce biographe a laisse tomber le projet pour des raisons familliales. Il nous reste deux cassettes ou maman raconte brievement son enfance.

mardi 15 avril 2008

Souvenirs du combat de l'ecole Decroly


Texte de Claudine Watigny, paru dans le "Decroly Flash" journal de l'ecole Decroly. Consultez le document original pour plus de photos, avec fac-simile de textes de Mali Herzberg en prime.


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Pour moi, Mali Herzberg était un compagnon de route.


Elle était engagée, exigeante, attentive, tant aux problèmes d'information et de communication sur la vie de l'école (Decroly Flash) qu'à des sujets plus graves (remise en état du bâtiment principal) et en plus, elle savait sourire… Malgré ses nombreux démêlés avec la ronéo pour l'impression du Decroly Flash !


Elle a toujours fait partie des moments de l'école où la situation était particulièrement difficile. Avec elle, c'est aussi la famille Herzberg qui s'est engagée au niveau de la vie de l'école et de l'association. Albert, son mari, s'est lui aussi engagé dans tous les moments de lutte pour la survie de l'école et a fort bien su, avec son compère Jean-Claude Le Bihan ( autre "figure" engagée de l'Association) obtenir l'oreille attentive des institutions de l'époque, pour notamment, faire prendre en charge l'écolepar l'école normale de Bonneuil.


Beaucoup de choses se sont passées le samedi matin et même si c'était shabbat, ils ont été présents pour participer à toutes les manifestations et aux différentscombats qui ont jalonné l'histoire de l'école !


Mali Herzberg, c'était aussi, je crois, la première femme présidente de l'Association.


Une des choses les plus touchantes pour moi c'est qu'elle et Albert sont toujours restés attentifs aux grands moments de l'histoire de l'école même "quand les enfants étaient partis". Par exemple, quoi que très affaiblie par la maladie, Mali était venue à la fête pour les 60 ans de l'école, salle Jacques Brel à Fontenay…


La relève est en route avec Mattéo, son petit fils qui fait sa scolarité à l'école et avec Ruth, sa fille aînée, qui est entrée cette année au CA.


Claudine Watigny, 2007


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Mali Herzberg au telephone (1975-78??), entrain d'organiser la resistance pour l'ecole Decroly.

Projets de vie


Je voulais te dire que j'ai eu deux petits-enfants depuis ton départ: la fille de Leah Simcha est toute brune et ressemble à son père. Elle pose un regard inquisiteur très sérieux sur toute personne qu'elle rencontre. Le fils de Dana a une gueule de Besserglik, si je t'assure, mais avec les yeux bleus de sa mère.

Pendant un an je me suis inventée une histoire: tu es semi-inconsciente ou semi-consciente, je m'assoie à coté de toi et tu es toute contente d'écouter mes soucis, mes palabres. Tu me dis "ce n'est pas des choix faciles" et ton expression préférée, pratiquement incontournable, "faire des projets de vie". Dans cette histoire tu es là pour moi, comme tu l'as été très souvent. Tu ne bronches pas, tu m'écoutes. Quand tu ne fais plus très attention je te chante des chansons. Ce sont les chansons que je chantais à mes enfants quand ils étaient petits avant de s'endormir. Une des chansons parle de petits marins partis pécher la baleine avec une canne en or. Tu te rends compte? En or. Je crois que dans cette histoire, quelque chose a dérapé ...

Et puis un jour je me suis souvenue que l'on t'avait enterrée en décembre 2006. J'avais même fait un petit discours et j'avais posé une main sur ton cercueil. C'est curieux, quand je me suis souvenue que tu étais morte, je me suis souvenue aussi de la mort de papa et maman, comme si vous trois qui aviez été inséparables dans la vie l'étaient aussi dans la mort.

Quand Lucien, Genevieve et moi nous retrouvons ensemble, nous nous asseyons tous les trois autour de la table d'un café et nous parlons. Nous parlons de la maison à Chateauroux, des parents, de Preuilly, du bateau de papa. Genevieve, soudain, a plein de souvenirs d'enfance. Lucien parle de Neuvy Saint Sepulchre, de l'atelier rue Ledru Rollin, de l'ambiance des années 60 en France et aussi au 50 avenue de Verdun, plus précisément. Il semble que soudain, tout le monde se souvienne dans un flot tellement énergique et bruyant. C'est aussi parce que lorsque on est trois, on est pas trois. On est quatre. Tu en prends de la place pour quelqu'un qui ne commande pas de salade grecque ou de café noir. Tu en fais du bruit pour quelqu'un qui ne parle pas.

Quelque chose sur le visage de Lucien a changé. Ce n'est pas quelques rides en plus ou des taches de vieillesse. Je crois que tu lui manques à un degré qui n'est pas descriptible. Il a tellement de chance, Lucien, d'avoir grandi près de toi, sous ton ombre et sous ton aile. C'est lui le véritable dépositaire de ton enfance et adolescence.

Moi je serais une piteuse biographe: je n'ai pas de souvenirs de toi célibataire, je n'ai aucun souvenirs de ton mariage. Pour moi tu venais toujours accolée de la même personne et pour moi, lui et toi étiez la même personne qui s'appelait MalietAlbert. Dans ma mémoire ils avaient surgi au même moment sans que l'un n'ait plus ou moins d'importance fonctionnelle ou affective que l'autre.

J'ai un secret: en Israel, je t'ai acheté un tissu un peu africain, vert bouteille et rouge que je t'ai donné lors des derniers mois de ta vie. Quand j'étais présente j'insistais pour qu'il soit au pied de ton lit. J'ai acheté le même tissu mais d'une couleur violette et rouge et je l'ai gardé pour moi, chez moi à Rehovot. Des fois je le serre en m'endormant, je sais c'est ridicule à mon âge d'avoir un objet transitionnel. Mais ça m'aide à faire des projets de vie ...

Nathalie

J'ai un nouveau blog ici: http://fin-poesie.blogspot.com

15 Avril 2008 - Mali Herzberg aurait 72 ans aujourd'hui

Le 15 Avril est une date speciale dans les familles Herzberg et Wajzer, c'est l'anniversaire de Mali Herzberg. Notre Maman, epouse, soeur, tante, etc. aurait aujourd'hui 72 ans (si je compte bien...). Elle est nee le 15 avril 1936. Personne n'est la pour se souvenir de sa naissance. On se souvient tous de son depart, et bien sur des 70 ans entre les deux, dont nous avons tous eu une part inegale. Inegale car les perspectives des uns et des autres sont toutes differentes, et les interactions avec Mali Herzberg toutes differentes. Moi, je me souviens que tres petit, j'avais pris mon argent de poche (ou de l'argent que papa ou maman elle meme peut-etre m'avait donne pour l'ocasion...) et j'etais descendu dans la librairie-papeterie qui se trouvait dans notre immeuble du 71 Rue Jeanne d'Arc a Saint Mande. J'avais demande a la caissiere, une dame aux cheveux bruns et boucles, de m'aider a choisir un livre pour l'anniversaire de ma maman. Un livre policier bien sur, car je savais (deja!) que maman adorait ca. Je ne me souviens plus du titre, ni de quel age j'avais, mais sans doute pas plus que 5 ou 6 ans. Le souvenir des piles basses de livres, le long du mur a gauche de l'entree, qui m'arrivaient jusqu'au menton, avec la dame se baissant derriere moi pour choisir un livre, est encore tres vivace. J'avais adore ce moment, qui est, maintenant que j'y pense, mon premier souvenir de cadeau a quelqu'un d'autre. Le premier cadeau a ma mere, c'est mon premier cadeau tout court. Un des derniers cadeau que je lui ai fait (si je ne compte pas les religieuses au cafe que je lui achetait lors de mes trop courts passage a Fontenay les derniers mois de sa vie) etait, lui, un petit carnet noir pour insrire ses pensees. Ca reste dans le litteraire, sauf que la, les pages etaient blanches. A force de tourner autour sans jamais s'y mettre, elle n'en a couverte que quelques unes (de son ecriture indechiffrable), avant de finalement perdre la faculte d'ecrire.