Mali Herzberg ecrivait assez frequemment, mais plutot pour elle meme.
Elle couvrait des tas de petits papiers, surtout des blocs notes a petit carreau, de notes illisibles sur son travail. A la maison, il n'etait pas rare de trouver ces blocs-notes dans les tiroirs les plus varies, avec juste une demi page ecrite, le rest du bloc vierge etant alors une proie facile pour les etudiants que nous etions.
Ces notes etaient multi-formes et certaines pouvaient commencer sur un bilan de l'action sociale du CASIP pour se terminer en liste des comissions a faire le dimanche suivant au Marche Roubleau. Sa secretaire avait sans aucun doute des super-pouvoirs qui lui permettait de comprendre cette ecriture mysterieuse et de transformer les hieroglyphes en documents lisibles.
C'est peut etre de cette facon que Mali Herzberg a ecrit l'article dont les references suivent? Pas de traces de cet article a la maison de Fontenaypour l'instant... Si un lecteur le possede, ou sait ou se procurer l'article en question, merci de nous envoyer des references ou, encore mieux, un scan. Merci d'avance.
L'AIDE SOCIALE A LA COMMUNAUTE JUIVE DE PARIS
MALI HERZBERG; RENE LECHON
in LE GROUPE FAMILIAL (N.123 AVRIL-JUIN 1989)
PP.69-71
Mots-clés : JUDAISME , ARGENT , TRAVAIL SOCIAL , SOLIDARITE
dimanche 31 décembre 2006
Une photo de Yoel Herzberg
Yoel Herzberg, mon cousin d'Israel (l'un des plus edifiants!) a poste une photo sur son photo-blog (son phlog?) en souvenir de Mali Herzberg. Le lien est ici: http://flickr.com/photos/yoelherzberg/322487324/
dimanche 24 décembre 2006
Mali en Egypte en 1989
Mali se rend en Egypte en mars 1989 avec son amie Francoise Bloch dans un voyage organise avec le comite d'entreprise du CASIP. Elle en revient avec des souvenirs indelebiles d'une belle croisiere sur le Nil...
Photos de Françoise Bloch.
Photos de Françoise Bloch.
jeudi 21 décembre 2006
Mali et Simone
C'est Madame Simone Weil qui remet en 2001 la Medaille de l'Ordre du Merite a Mali Herzberg, sous l'oeil protecteur du Baron Eric de Rotschild. A cette occasion, Mali recite un discours d'anthologie sur son parcours personnel et professionel. Des que nous retouvons sa trace digitale, nous le posterons ici.


Encore des photos
Nathalie Shourick nee Wajzer nous envoie ces belles photos souvenirs... Son album de famille complet est a regarder sur ce lien:

Visez un peu David Dahan (5eme en haut a partir de la gauche), avec son costume 1970 et ses belles moustaches.
Mali a l'ecole
(a Chateauroux? Issoudun? Pas sur... laissez nous un commentaires si vous avez des precisions)
est en bas, la 4eme a partir de la droite.

Neuvy-Saint-Sépulchre
Rappellons que si Mali Herzberg a vecu jusqu'a 70 ans, c'est en partie grace a ceux qui se sont organises pour la chacher pendant la guerre. Sa mere Esther Wajzer bien sur, mais aussi le Pere Noir, qu'evoque ici Lucien Wajzer, cache avec sa soeur et sa cousine Margueritte a Neuvy-Saint-Sépulchre. Le blog de Nathalie Klein nee Wajzer a aussi des informations a consulter, mais voici un petit article qui resume bien la situation:
"Le père Noir nous a sauvés
La Nouvelle Republique du Centre Ouest
Indre - Samedi 16 octobre 2004
Pendant la guerre, Lucien Wajzer, enfant juif, et sa famille, ont été sauvés par le père Henri Noir, curé d'Issoudun. Aujourd'hui, avec un ami, Lucien Wajzer s'emploie à faire accéder le père Noir au titre de " Juste ", délivré par l'État d'Israël.Si je suis en vie aujourd'hui, c'est grâce au père Noir. Lucien Wajzer, 66 ans, industriel du cuir à Châteauroux, est formel. « Quand les lois antijuives se sont appliquées partout en France, à partir de novembre 1942, ma mère s'est posé la question : où se cacher ? Quelqu'un lui a conseillé d'aller voir le père Noir, à l'église. Elle y est allée, et le père Noir effectivement, peu après, nous a trouvé une adresse à Neuvy-Saint-Sépulchre. »Esther Wajzer, la maman, s'installe à Neuvy avec ses deux enfants en bas âge, Mali et Lucien. Si Léon Wajzer, le père, n'est pas avec sa famille, c'est parce qu'il s'est engagé en 1939 dans le corps polonais de l'armée française et, comme tant d'autres soldats, il était prisonnier en Allemagne. Il sera libéré en 1944 et montera deux ans plus tard à Châteauroux un atelier de vêtements de cuir, la maison Wajzer encore en activité aujourd'hui.A Neuvy-Saint-Sépulchre, la vie pour la petite famille juive s'écoule sans problème majeur. « C'est là que j'ai commencé à aller à l'école, raconte Lucien Wajzer. Avec ma mémoire d'enfant, j'ai le souvenir d'un village où il faisait toujours soleil. Nous n'étions pas obligés de porter l'étoile. » C'est la différence avec la ville : dans le bourg berrichon, les Allemands et leurs alliés collabos semblent loin et les lois raciales de Vichy n'ont pas l'air de s'y appliquer.Lucien Wajzer estime aujourd'hui que le refuge de Neuvy-Saint-Sépulchre a sauvé les siens du pire. Et cela s'est produit grâce au geste totalement désintéressé du père Noir qui, sans connaître la famille, a fait le nécessaire pour lui procurer une adresse au vert, en sécurité. Lucien Wajzer voue au curé d'Issoudun une reconnaissance infinie. « En risquant sa vie pour aider ces gens qu'il ne connaissait pas, il a fait un pas supplémentaire dans l'amour du prochain. Il incarne pour moi la lumière, l'espoir, ce qu'il y a de bon dans l'humain et, au fond, ce qui me réconforte quand je doute de la valeur de l'homme en assistant quotidiennement à tous ces massacres, ces génocides, ces actes terroristes. »Vicaire d'Issoudun et missionnaire du Sacré-Coeur, le père Henri Noir (1913-1965) est connu pour sa bonté, sa charité, sa sainteté, oserait-on presque dire. Ses actes parlent pour lui. Il fut résistant et, après guerre, il s'engagea dans un énorme programme de construction en faveur des mal logés d'Issoudun. Lucien Wajzer voit en lui le symbole de ces centaines de milliers de Français qui, anonymement, se sont mis en danger pour sauver les Juifs traqués. « Les trois-quarts de la population juive française, soit 240.000 personnes, ont échappé à l'extermination, explique-t-il. Cela veut dire que des tas de Français, à l'instar du père Noir, ont mis leur vie en péril pour les sauver, les cacher, les abriter, les nourrir, leur fournir de faux papiers. C'est extraordinaire. Et dire qu'il n'y a pas un seul ouvrage d'historiens sur le courage de ces Français souvent humbles et anonymes, alors que des tas de livres sont consacrés à des dictateurs et à des tueurs d'État. Pour moi, c'est ça la France ! »Partant de là, Lucien Wajzer a pris l'initiative avec son ami Philippe Paoletti, correspondant des Amitiés judéo-chrétiennes à Châteauroux, de monter un dossier pour faire décerner au père Henri Noir le titre de « Juste parmi les Nations »."
De droite a gauche: Lucien, Lucette, Nathalie, Elie, Ruth, Margueritte, Nathalie, Matteo.
"Le père Noir nous a sauvés
La Nouvelle Republique du Centre Ouest
Indre - Samedi 16 octobre 2004
Pendant la guerre, Lucien Wajzer, enfant juif, et sa famille, ont été sauvés par le père Henri Noir, curé d'Issoudun. Aujourd'hui, avec un ami, Lucien Wajzer s'emploie à faire accéder le père Noir au titre de " Juste ", délivré par l'État d'Israël.Si je suis en vie aujourd'hui, c'est grâce au père Noir. Lucien Wajzer, 66 ans, industriel du cuir à Châteauroux, est formel. « Quand les lois antijuives se sont appliquées partout en France, à partir de novembre 1942, ma mère s'est posé la question : où se cacher ? Quelqu'un lui a conseillé d'aller voir le père Noir, à l'église. Elle y est allée, et le père Noir effectivement, peu après, nous a trouvé une adresse à Neuvy-Saint-Sépulchre. »Esther Wajzer, la maman, s'installe à Neuvy avec ses deux enfants en bas âge, Mali et Lucien. Si Léon Wajzer, le père, n'est pas avec sa famille, c'est parce qu'il s'est engagé en 1939 dans le corps polonais de l'armée française et, comme tant d'autres soldats, il était prisonnier en Allemagne. Il sera libéré en 1944 et montera deux ans plus tard à Châteauroux un atelier de vêtements de cuir, la maison Wajzer encore en activité aujourd'hui.A Neuvy-Saint-Sépulchre, la vie pour la petite famille juive s'écoule sans problème majeur. « C'est là que j'ai commencé à aller à l'école, raconte Lucien Wajzer. Avec ma mémoire d'enfant, j'ai le souvenir d'un village où il faisait toujours soleil. Nous n'étions pas obligés de porter l'étoile. » C'est la différence avec la ville : dans le bourg berrichon, les Allemands et leurs alliés collabos semblent loin et les lois raciales de Vichy n'ont pas l'air de s'y appliquer.Lucien Wajzer estime aujourd'hui que le refuge de Neuvy-Saint-Sépulchre a sauvé les siens du pire. Et cela s'est produit grâce au geste totalement désintéressé du père Noir qui, sans connaître la famille, a fait le nécessaire pour lui procurer une adresse au vert, en sécurité. Lucien Wajzer voue au curé d'Issoudun une reconnaissance infinie. « En risquant sa vie pour aider ces gens qu'il ne connaissait pas, il a fait un pas supplémentaire dans l'amour du prochain. Il incarne pour moi la lumière, l'espoir, ce qu'il y a de bon dans l'humain et, au fond, ce qui me réconforte quand je doute de la valeur de l'homme en assistant quotidiennement à tous ces massacres, ces génocides, ces actes terroristes. »Vicaire d'Issoudun et missionnaire du Sacré-Coeur, le père Henri Noir (1913-1965) est connu pour sa bonté, sa charité, sa sainteté, oserait-on presque dire. Ses actes parlent pour lui. Il fut résistant et, après guerre, il s'engagea dans un énorme programme de construction en faveur des mal logés d'Issoudun. Lucien Wajzer voit en lui le symbole de ces centaines de milliers de Français qui, anonymement, se sont mis en danger pour sauver les Juifs traqués. « Les trois-quarts de la population juive française, soit 240.000 personnes, ont échappé à l'extermination, explique-t-il. Cela veut dire que des tas de Français, à l'instar du père Noir, ont mis leur vie en péril pour les sauver, les cacher, les abriter, les nourrir, leur fournir de faux papiers. C'est extraordinaire. Et dire qu'il n'y a pas un seul ouvrage d'historiens sur le courage de ces Français souvent humbles et anonymes, alors que des tas de livres sont consacrés à des dictateurs et à des tueurs d'État. Pour moi, c'est ça la France ! »Partant de là, Lucien Wajzer a pris l'initiative avec son ami Philippe Paoletti, correspondant des Amitiés judéo-chrétiennes à Châteauroux, de monter un dossier pour faire décerner au père Henri Noir le titre de « Juste parmi les Nations »."


Les 4 daltons
Voici une tres mauvaise photos des freres et soeurs Dalton... Euh, pardon, des freres et soeur Wajzer, prise au mariage de Nathalie Shourick nee Wajzer (beaucoup de Nathalie dans cette famille...). Dans l'ordre d'apparition a l'ecran: Mali, Lucien, Genevieve, Nathalie.

P.S: D'autres photos de cet evennement sur ce lien. Deroulez la bande des photos pour arriver a celles du mariage avec quelques unes de ma mere et de la famille: http://www.gasp-editions.com/divers/sarajevo/FrameSet.htm
A Dubrovnik
Chevalier de l'Ordre des Latkes
En novembre 2001, ma mere recevait des mains de Simone Weil qu'elle admirait beaucoup, ses insignes de Chevalier de l'Ordre du Merite. A Sarajevo a l'epoque, et aimant les blagues vaseuses, je lui avait fait une petite page internet avec ce texte et cette image... La page avait une petite musique moyenaguese.
"Je vous adoube, Chevaliere Mali. Nous sommes fiers de vous. Au nom de la nation toute entiere et de votre famille qui vous decerne cette epee afin que vous continuiez a defendre sans peur ni reproche ceux qui de par le monde reclament votre presence"
La famille Wajzer
Pas sur de quand date cette photo. Dans le sens des aiguilles d'une montre, en partant du coin droit en haut: Mali Wajzer (plus tard: Herzberg), Lucien Wajzer, Esther Wajzer (nee Karpman), Nathalie Wajzer (plus tard: Klein), Genevieve Wajzer (plus tard: Dahan) et le papa, Leon Wajzer (Shmuel Lejb Wajzer). Je suppose que la photo a ete prise a Chateauroux.

mardi 19 décembre 2006
Le blog de Nathalie Klein, petite soeur de Mali
Allez voir le blog de Nathalie "Orange Pressée" sur http://orange-pressee.blogspot.com/2006/12/mali-herzberg.html
La famille réunie en Octobre 2006
Discours de Benjamin, fils de Mali
17 déc. 06, Fontenay Sous Bois.
Ma petite maman,
Salut, c’est Benjachmuk. Davidou et Routili sont a cote de moi.
Tu t’en vas et je veux t’adresser des petits mots de rien du tout. Des petits mots de ton petit dernier. Des petits mots comme tu savais si bien les écouter.
Mes souvenirs, il y en a des milliers, et, si je les ajoutais a ceux des gens qui t’entourent aujourd’hui venus te donner un dernier clin d’œil, il y en aurai des millions.
Tu m’as appris à faire la crème au chocolat. Sur la toile cirée de la table de la salle a manger a Saint Mande, au quatrième étage du 71 rue Jeanne d’Arc, 2 étage au dessus des Ducornets et de chez Fabienne, tu m’as donné les clefs essentielles d’une vie bien réussie.
Tant de souvenirs ! Notre terrain de jeu se rétrécissait a notre chambre lorsque tu organisais ces AG mémorables tenue jusque tard dans la nuit autour de la table de notre salle à manger.
Je me souviens de toi à Decroly. L’odeur des rotatives à alcool me revient aussi, celle que l’on respirait à plein poumons quand tu imprimais les Decroly Flash, dans ce grenier mystérieux du troisième étage de l’école. Avec toute cette bande d’irréductibles, vous aviez l’air de résistants dont les rotatives miniatures représentaient le dernier espoir de combat. L’impression est indélébile.
Je me souviens de ton cabas, toujours plein de bonnes victuailles les jours de Kippour que nous allions passer ensemble avec les anciens d’Orsay, au cas où tes petits bouts de chou auraient une petite fin. Je te voyais discuter avec tes copines, et je n’ai compris que plus tard votre exceptionnelle proximité. Les expériences que vous aviez eu l’audace de partager ensemble étaient fondatrices. L’école d’Orsay était plus qu’une école pour toi, mais, tel un radeau, la seule véritable chance de survie pour la jeune rescapée de la Shoa que tu étais.
En Espagne, nous nous baladions un soir d’été, sur la route qui menait de notre grande maison, vieux monastère reconverti, au pont qui nous reliait à la douce ville de Tremp. On entendait les Niderman rire au loin. Nous longions le mur chaud et la nuit tombait doucement, la température était parfaite. Tu m’as dit : « Ah quel plaisir. Si le temps pouvait s’arrêter a cet instant, ce serait parfait. » Tu t’es arrêtée une minute, sautillant d’un pied a l’autre, les mains derrière le dos, humant les fleurs sauvages. Puis nous sommes repartis finir notre ballade.
Je me souviens de la cour de l’OSE, derrière la rue du faubourg saint Antoine, avec ses pavés humides. La lourde porte de l’immeuble donnait sur un labyrinthe de couloirs, au bout desquels je te trouvais toujours assise à ton bureau, travaillant dur comme fer a ce métier qui te plaisait tant.
Quand tu as commence au CASIP, ca m’a donne l’occasion de découvrir d’autres quartiers de Paris. J’allais te chercher et nous allions fureter dans la librairie, près de la rue Rodier. Manger des couscous a Belleville.
Femme active s’il en était, tu savais prendre le temps de recevoir tes copains à la maison. L’odeur de ton Cholent attirait comme des mouches les Najman, Cecile, et tant d’autres. Ton poulet rissolant faisaient s’attabler les Niderman avec appétit. Papa, heureusement, et pour le plaisir de tous, continue cette tradition avec talent.
Je me souviens de toi pendant ces milliers de jours ou tu t’es occupée de nous trois, toujours présente, toujours à l’écoute de nos émotions. Quand Mémé est morte, j’ai dis « J’ai perdu ma deuxième Maman ». Les 13 ans qu’elle a passé avec nous ont été heureux, grâce a toi et a ton dévouement de tous les instant pour le bien être de ta mère. Tu as sacrifie tout un tas de choses pour t’occuper d’elle pendant toutes ces années.
Maman, tu avais non seulement une vision très claire des objectifs que tu te fixais, mais aussi une ténacité incroyable, et sous des couverts parfois discrets, tu savais toujours t’accrocher et mordre le morceau sans jamais le lâcher. 15 ans durant, tu l’as répété à ton équipe du CASIP. Tu leur disais : « Nous ferons et seront le meilleur service de la communauté. Mais cela veux dire avec vous. Travailler, réfléchir, comprendre, imaginer, risquer, et construire ensemble. Pas seulement pour la gloire et notre ego. Mais pour les gens qui viennent et nous font confiance. »
Travailler, réfléchir, comprendre, imaginer, risquer, et construire, ce sont des principes que tu as appliqué à ta vie, et donc a la notre. Comme tu l’as dis a Simone Weil en parlant de notre famille lors de la remise de ta médaille de l’ordre du mérite, « Nous nous sommes fait tous les cinq ensemble. »
Par exemple, dans l’éducation, tu nous a toujours aidé mais sans jamais nous guider vers un chemin qui n’était pas le notre. Tu as écris, je te cite : « Les gens sont des personnes uniques. Leur choix les fait vivre. Apprendre ce n’est pas assener des connaissances, mais donner des moyens, des pistes pour se faire soi même. »
Cette vision de l’éducation était pour toi accrochée a la notion de transmission.
Tu parlais de « L’obligation de transmettre, de communiquer d’une génération a une autre, de s’entraider. ».
Mais Maman, c’est dur de transmettre sans se dévoiler. Et beaucoup de choses sont resté cachées à nos yeux d’enfants. Je t’ai entendu dire « Nous savons bien que d’avoir eu à se cacher, rend dangereux le fait de se dévoiler ! ». Que c’est vrai ! Ton enfance d’enfant cachée a Neuvy Saint Sépulcre, avec ton frère Lucien et ta cousine Margueritte, grâce au Père Noir, ont laissé des traces indélébiles, invisibles, mais bien présentes encore aujourd’hui.
Tu as écris : « Ce sentiment d’absence, n’est ce pas cette proximité incessante avec ceux que nous avons perdus ». Cela t’as bien sur été transmis par ta propre mère, Mémé Esther, qui disait : « Ceux que nous avons perdus sont dans la poussière de la terre, l’air que nous respirons, ils sont en nous. »
Tout ca explique sans doute ton obsession de tout garder, et ton attachement aux objets et aux photos de famille. Il y en a partout dans la maison. Il y en avait jusque sur les murs des couloirs du CASIP. Les objets, c’est important, tu as raison. Nathalie a un jour écris a propos de ses parents désormais partis: « Moi-même, mes sœur et frère, mes neveux et nièces, mes petits neveux et mes petites nièces, nous sommes leur unique trace. Les affaires personnelles qu’ils ont laisses dans leurs tiroirs, leurs vêtements, leurs bijoux, leurs livres, c’est nous. »
La bague en email vert donnée en cadeau a ta sœur Nathalie pour ses 11 ans, c’est un peu de toi dans cet anneau. Tu pars mais l’anneau reste.
Tu t’en vas mais nous restons.
Il y a deux ans je t’ai offert un petit carnet noir pour y inscrire tes pensées. Tu écris tes souvenirs, ton quotidien, tu notes avec attendrissement ta sortie au cinéma avec Henny et Albert Najman, et tes impression après a voir vu « La prairie aux bouleaux ».
Mais la maladie, combattue avec tant de vigueur, commence à réclamer son du. Tu couche sur le papier ces mots : « Il faut que je commence à écrire ce que j’ai déjà oublié. »
Surtout, sur une des pages, tu notes, inquiète : « Comment se fera le passage ? ».
Tu fais allusion à ce qui te guette, et que même Papa, malgré tous ses efforts et son attention, n’a réussi qu’à repousser.
« Comment se fera le passage ? ». Et bien c’est nous qui le ferons, Maman. Moi et mes enfants Anya et Samuel. David, Ruth et leurs enfants Matteo, Deborah, Léa et Eve. Papa. Tous les gens ici portent un peu de toi en eux. Ils t’ont tous connu à un moment de ta vie, ils t’ont tous accompagné. Tu nous as tant donné, que le Passage, même s’il est triste, est facile. Nous allons continuer à vivre, non pas sans toi, mais bien avec toi.
Dans la tradition juive on parle de Neshama, d’âme. Pour moi, ta neshama, ce sont les petits bouts de toi que je porte en moi, que nous portons en tous nous. Les souvenirs, d’abord, qui restent a jamais et avec qui nous vivons, mais aussi to énergie, ta détermination, ta douceur et ton art de vivre, qui sont en nous, et nous guident dans nos pas vers l’avenir.
Ton Benjamin.
Ma petite maman,
Salut, c’est Benjachmuk. Davidou et Routili sont a cote de moi.
Tu t’en vas et je veux t’adresser des petits mots de rien du tout. Des petits mots de ton petit dernier. Des petits mots comme tu savais si bien les écouter.
Mes souvenirs, il y en a des milliers, et, si je les ajoutais a ceux des gens qui t’entourent aujourd’hui venus te donner un dernier clin d’œil, il y en aurai des millions.
Tu m’as appris à faire la crème au chocolat. Sur la toile cirée de la table de la salle a manger a Saint Mande, au quatrième étage du 71 rue Jeanne d’Arc, 2 étage au dessus des Ducornets et de chez Fabienne, tu m’as donné les clefs essentielles d’une vie bien réussie.
Tant de souvenirs ! Notre terrain de jeu se rétrécissait a notre chambre lorsque tu organisais ces AG mémorables tenue jusque tard dans la nuit autour de la table de notre salle à manger.
Je me souviens de toi à Decroly. L’odeur des rotatives à alcool me revient aussi, celle que l’on respirait à plein poumons quand tu imprimais les Decroly Flash, dans ce grenier mystérieux du troisième étage de l’école. Avec toute cette bande d’irréductibles, vous aviez l’air de résistants dont les rotatives miniatures représentaient le dernier espoir de combat. L’impression est indélébile.
Je me souviens de ton cabas, toujours plein de bonnes victuailles les jours de Kippour que nous allions passer ensemble avec les anciens d’Orsay, au cas où tes petits bouts de chou auraient une petite fin. Je te voyais discuter avec tes copines, et je n’ai compris que plus tard votre exceptionnelle proximité. Les expériences que vous aviez eu l’audace de partager ensemble étaient fondatrices. L’école d’Orsay était plus qu’une école pour toi, mais, tel un radeau, la seule véritable chance de survie pour la jeune rescapée de la Shoa que tu étais.
En Espagne, nous nous baladions un soir d’été, sur la route qui menait de notre grande maison, vieux monastère reconverti, au pont qui nous reliait à la douce ville de Tremp. On entendait les Niderman rire au loin. Nous longions le mur chaud et la nuit tombait doucement, la température était parfaite. Tu m’as dit : « Ah quel plaisir. Si le temps pouvait s’arrêter a cet instant, ce serait parfait. » Tu t’es arrêtée une minute, sautillant d’un pied a l’autre, les mains derrière le dos, humant les fleurs sauvages. Puis nous sommes repartis finir notre ballade.
Je me souviens de la cour de l’OSE, derrière la rue du faubourg saint Antoine, avec ses pavés humides. La lourde porte de l’immeuble donnait sur un labyrinthe de couloirs, au bout desquels je te trouvais toujours assise à ton bureau, travaillant dur comme fer a ce métier qui te plaisait tant.
Quand tu as commence au CASIP, ca m’a donne l’occasion de découvrir d’autres quartiers de Paris. J’allais te chercher et nous allions fureter dans la librairie, près de la rue Rodier. Manger des couscous a Belleville.
Femme active s’il en était, tu savais prendre le temps de recevoir tes copains à la maison. L’odeur de ton Cholent attirait comme des mouches les Najman, Cecile, et tant d’autres. Ton poulet rissolant faisaient s’attabler les Niderman avec appétit. Papa, heureusement, et pour le plaisir de tous, continue cette tradition avec talent.
Je me souviens de toi pendant ces milliers de jours ou tu t’es occupée de nous trois, toujours présente, toujours à l’écoute de nos émotions. Quand Mémé est morte, j’ai dis « J’ai perdu ma deuxième Maman ». Les 13 ans qu’elle a passé avec nous ont été heureux, grâce a toi et a ton dévouement de tous les instant pour le bien être de ta mère. Tu as sacrifie tout un tas de choses pour t’occuper d’elle pendant toutes ces années.
Maman, tu avais non seulement une vision très claire des objectifs que tu te fixais, mais aussi une ténacité incroyable, et sous des couverts parfois discrets, tu savais toujours t’accrocher et mordre le morceau sans jamais le lâcher. 15 ans durant, tu l’as répété à ton équipe du CASIP. Tu leur disais : « Nous ferons et seront le meilleur service de la communauté. Mais cela veux dire avec vous. Travailler, réfléchir, comprendre, imaginer, risquer, et construire ensemble. Pas seulement pour la gloire et notre ego. Mais pour les gens qui viennent et nous font confiance. »
Travailler, réfléchir, comprendre, imaginer, risquer, et construire, ce sont des principes que tu as appliqué à ta vie, et donc a la notre. Comme tu l’as dis a Simone Weil en parlant de notre famille lors de la remise de ta médaille de l’ordre du mérite, « Nous nous sommes fait tous les cinq ensemble. »
Par exemple, dans l’éducation, tu nous a toujours aidé mais sans jamais nous guider vers un chemin qui n’était pas le notre. Tu as écris, je te cite : « Les gens sont des personnes uniques. Leur choix les fait vivre. Apprendre ce n’est pas assener des connaissances, mais donner des moyens, des pistes pour se faire soi même. »
Cette vision de l’éducation était pour toi accrochée a la notion de transmission.
Tu parlais de « L’obligation de transmettre, de communiquer d’une génération a une autre, de s’entraider. ».
Mais Maman, c’est dur de transmettre sans se dévoiler. Et beaucoup de choses sont resté cachées à nos yeux d’enfants. Je t’ai entendu dire « Nous savons bien que d’avoir eu à se cacher, rend dangereux le fait de se dévoiler ! ». Que c’est vrai ! Ton enfance d’enfant cachée a Neuvy Saint Sépulcre, avec ton frère Lucien et ta cousine Margueritte, grâce au Père Noir, ont laissé des traces indélébiles, invisibles, mais bien présentes encore aujourd’hui.
Tu as écris : « Ce sentiment d’absence, n’est ce pas cette proximité incessante avec ceux que nous avons perdus ». Cela t’as bien sur été transmis par ta propre mère, Mémé Esther, qui disait : « Ceux que nous avons perdus sont dans la poussière de la terre, l’air que nous respirons, ils sont en nous. »
Tout ca explique sans doute ton obsession de tout garder, et ton attachement aux objets et aux photos de famille. Il y en a partout dans la maison. Il y en avait jusque sur les murs des couloirs du CASIP. Les objets, c’est important, tu as raison. Nathalie a un jour écris a propos de ses parents désormais partis: « Moi-même, mes sœur et frère, mes neveux et nièces, mes petits neveux et mes petites nièces, nous sommes leur unique trace. Les affaires personnelles qu’ils ont laisses dans leurs tiroirs, leurs vêtements, leurs bijoux, leurs livres, c’est nous. »
La bague en email vert donnée en cadeau a ta sœur Nathalie pour ses 11 ans, c’est un peu de toi dans cet anneau. Tu pars mais l’anneau reste.
Tu t’en vas mais nous restons.
Il y a deux ans je t’ai offert un petit carnet noir pour y inscrire tes pensées. Tu écris tes souvenirs, ton quotidien, tu notes avec attendrissement ta sortie au cinéma avec Henny et Albert Najman, et tes impression après a voir vu « La prairie aux bouleaux ».
Mais la maladie, combattue avec tant de vigueur, commence à réclamer son du. Tu couche sur le papier ces mots : « Il faut que je commence à écrire ce que j’ai déjà oublié. »
Surtout, sur une des pages, tu notes, inquiète : « Comment se fera le passage ? ».
Tu fais allusion à ce qui te guette, et que même Papa, malgré tous ses efforts et son attention, n’a réussi qu’à repousser.
« Comment se fera le passage ? ». Et bien c’est nous qui le ferons, Maman. Moi et mes enfants Anya et Samuel. David, Ruth et leurs enfants Matteo, Deborah, Léa et Eve. Papa. Tous les gens ici portent un peu de toi en eux. Ils t’ont tous connu à un moment de ta vie, ils t’ont tous accompagné. Tu nous as tant donné, que le Passage, même s’il est triste, est facile. Nous allons continuer à vivre, non pas sans toi, mais bien avec toi.
Dans la tradition juive on parle de Neshama, d’âme. Pour moi, ta neshama, ce sont les petits bouts de toi que je porte en moi, que nous portons en tous nous. Les souvenirs, d’abord, qui restent a jamais et avec qui nous vivons, mais aussi to énergie, ta détermination, ta douceur et ton art de vivre, qui sont en nous, et nous guident dans nos pas vers l’avenir.
Ton Benjamin.
Le discours de Nathalie Klein, soeur de Mali
Mali, ma chere soeur, plus que ma soeur. Tes derniers mots pour moi furent « Au revoir ma cherie ». Au revoir Mali, toi qui fut pour ton frere et tes sœurs tout a la fois un pilier et un guide. Qui d’entre nous n’a connu l’indecision et ne s’est trouve a la croisee des chemins ? Mali nous tenait la main, nous soutenait, nous portait vers des decisions difficiles. Mali savait montrer le chemin sans porter de jugement. Tout simplement elle était la pour nous avec l’amour, la patience et la generosite d’une sœur.
Lorsque Mali recut sa medaille du merite elle dit dans son discours « Je remercie mes deux jeunes sœurs Genevieve et Nathalie qui sont venues specialement d’Israel pour m’aider a transporter ma medaille ».Longtemps je me suis demandee « Mais …. Qu’est ce que ca veut dire « transporter une medaille » ? Aujourd’hui nous sommes venues d’Israel ma sœur et moi pour t’aider a transporter plus que ta medaille, Mali, plus que ta medaille, mais toute ta vie et tous tes merites.
Le merite de t’etre occupe de ton petit frere quand vous etiez caches, seuls, et que papa était prisonnier si longtemps. Plus tard le merite d’avoir fait penetrer dans une famille en deuil de la Shoah la lumiere de la Torah et la celebration d’un judaisme « enfin » vivant. Nous, nos enfants et petit-enfants t’en sont a jamais reconnaissants.
Aussi et surtout, le merite d’avoir pris maman sous ton aile apres le deces de papa. Une lourde responsabilite, un grand sacrifice.
C’est maintenant la derniere heure, le dernier moment. Nous te demandons mehila d’etre parties vivre loin de toi et de t’avoir laissee porter les charges les plus lourdes. Mais ton role de guide et conseillere ne s’arrete pas aujourd’hui pour autant. Il ne s’arretera jamais.
Nathalie
Lorsque Mali recut sa medaille du merite elle dit dans son discours « Je remercie mes deux jeunes sœurs Genevieve et Nathalie qui sont venues specialement d’Israel pour m’aider a transporter ma medaille ».Longtemps je me suis demandee « Mais …. Qu’est ce que ca veut dire « transporter une medaille » ? Aujourd’hui nous sommes venues d’Israel ma sœur et moi pour t’aider a transporter plus que ta medaille, Mali, plus que ta medaille, mais toute ta vie et tous tes merites.
Le merite de t’etre occupe de ton petit frere quand vous etiez caches, seuls, et que papa était prisonnier si longtemps. Plus tard le merite d’avoir fait penetrer dans une famille en deuil de la Shoah la lumiere de la Torah et la celebration d’un judaisme « enfin » vivant. Nous, nos enfants et petit-enfants t’en sont a jamais reconnaissants.
Aussi et surtout, le merite d’avoir pris maman sous ton aile apres le deces de papa. Une lourde responsabilite, un grand sacrifice.
C’est maintenant la derniere heure, le dernier moment. Nous te demandons mehila d’etre parties vivre loin de toi et de t’avoir laissee porter les charges les plus lourdes. Mais ton role de guide et conseillere ne s’arrete pas aujourd’hui pour autant. Il ne s’arretera jamais.
Nathalie
Mali à Trouville

Voici une image de ma mère début 2006, à Trouville sur Mer en Normandie. Elle est déjà fatiguée par la maladie, mais suffisament en forme pour sortir sur la terrasse de la résidence des Roches Noires, se balader sur les planches doucement, et surtout discuter le coup! N'hésitez pas à envoyer des photos sur benjaminherzberg@gmail.com pour que nous puissions les mettre en ligne.
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