lundi 29 novembre 2010

4 ans deja


Mali Herzberg est partie le 14 Decembre 2006. Cette date dans le calendrier juif etait le 23 Kislev. Cette annee, cela tombe le 30 Novembre 2010.

C'est donc aujourd'hui le jour du souvenir, du "YurTseit" en Yiddish.

On peut egalement ecrire cela Yajrzeit, ou Jahrzeit. Cela vient de l'allemand Jahr (l'annee) et Zeit (le temps). C'est donc le temps de l'annee.

Si le temps se mesure en année, il y en a eu 70 avant et quatre apres.

Mais Zeit en allemand cela veut aussi dire la marée. Le temps va et vient et la maree du souvenir est de plus grande ampleur en ce jour anniversaire. Comme dirait Apollinaire, "La terre se lamente et comme une marée monte le flot chantant".

Un vers hors contexte car il provient d'un poeme sur le bruit et la fureur de la guerre.

D'ou des flots chantants peuvent monter.

Mali Herzberg, ma maman, en etait bien la preuve.

lundi 1 novembre 2010

Alors que l'anniversaire du deces de Mali Herzberg approche (le mardi 30 novembre 2010 qui correspond a la date juive du 23 kislev), je viens de lire un article (en anglais) sur le fait que la recession aux Etats Unis cree beaucoup de nouveaux pauvres dans la communaute juive americaine. Cela m'a immediatement fait penser a elle, qui rapportait souvent l'incredulite de ses interlocuteurs lorsqu'elle devait expliquer que, oui, il y a des pauvres dans la communaute juive, et pas moins qu'ailleurs (sinon plus pour certaines populations). L'article en question, qui se trouve ici: http://www.jssa.org/c/document_library/get_file?uuid=84c247ce-1919-45b4-b797-e7205dc793b5&groupId=759272 evoque le travail de la Jewish Social Service Agency, qui est une sorte de CASIP local. Il y a a Fontenay une casette audio qui reprend une interview radio ou elle expliquait la motivation et la nature de son travail social. J'essaierai de la retrouver pour la poster sur ce blog. Par ailleurs, je posterais bientot les information sur l'anniversaire du deces (le "Yurtsayt" ou "Yurtseit"). Je serais a Paris nous iront nous receuillier sur sa tombe au cimetiere de Fontenay.

jeudi 15 avril 2010

15 Avril, jour des pâtisseries et des souvenirs

Nous sommes le 15 Avril 2010, et comme Mali Herzberg, Maman, est née le 15 Avril 1936, c’est son anniversaire et elle aurait eu 74 ans aujourd’hui. Je vais aller manger une religieuse et des macarons en son honneur, car elle aimait vraiment ça. Faites de même, allez vous payer une pâtisserie et faites comme si vous la partagiez avec elle en la dégustant. Je suis sur que cela lui ferait plaisir. Des souvenirs lointains vous sans doute alors vous revenir à l’esprit. Si vous en avez l’envie et le courage, partagez les avec nous tous en écrivant un billet pour ce blog.

mercredi 17 février 2010

Mali m'a raconté, et mon père m'a raconté.

Par Genevieve Dahan, Jérusalem le 14 Février 2010.

Mali m'a raconté, et mon père m'a raconté. Je connaissais cette histoire depuis des années et je n'avais jamais rien fait pour avancer. Je m'explique.

Un jour d'été sur la route de Preuilly mon père a rencontré sur le bord de la route deux jeunes qui faisaient du stop. : Il disait" deux enfants une fille et un garçon." Il s'est arrêté, les a montés dans sa voiture et leur a proposés de se reposer dans sa maison avant qu'il ne les accompagne a leur destination.
En arrivant à la maison de Preuilly, Maman a commencé à préparer une soupe pour soulager la fatigue des deux jeunes. C'est à ce moment que le jeune garçon a expliqué qu'ils sont des jeunes juifs et ne peuvent donc pas manger.
Mon père ayant entendu cette déclaration de sa chambre où il était déjà allongé s'est précipité dans la salle à manger en pleurant d'émotion: "Il y a encore des enfants juifs qui mangent cacher?

Mali m'a raconté qu'elle avait eu une correspondance avec ce garçon qui était plus âgé qu'elle et qu'elle était très fière qu'un si grand garçon répondait à ses lettres. Elle m'avait aussi raconté qu'il y avait un lien entre cette correspondance et son choix pour Orsay bien des années plus tard. Elle m'a aussi donné le nom de Peretz et d'une ville du nord d'Israël où il habiterait peut être.

Tout cela faisait parti pour moi d'une légende que je véhiculais …jusqu'à ce congrès de rabbanim à Eilat il y a quinze jours où David m'a fait rencontrer le rav Peretz de Ranana.

Ma femme a quelque chose à vous raconter. Et me voila racontant ma légende…
Il m'arrête tout de suite en me disant qu'il connaît cette histoire: Il était connu dans la famille que son frère Moshe écrivait à une jeune adolescente très belle aux yeux et cheveux noirs!

Quelle émotion que d'entendre cette déclaration.

Le rav Peretz m'explique qu'en 1949 son grand frère et sa grande sœur étaient EI et traversaient la France. Il me donne l'adresse de Moshe à Jérusalem, il me faut encore quelques jours pour dénicher le numéro de téléphone…

Hier 14 février 2010 j'ai eu un rendez vous avec Moshe Peretz. Moshe est un homme de 80ans, grand, mince, altier. C'est un homme orthodoxe, portant une barbe longue mais parfaitement taillée et des cheveux blancs, fournis, un peu bouclés. Il semble sortir d'un livre de contes sur le Mashiah... voici le récit.

En 1949 moi et ma sœur Marcelle étions en France. Comme fils ainé d'une famille habitant à Casablanca, j'avais décidé après le vote des Nations en 1948 qu'il nous fallait rejoindre Israël car maintenant nous avions un pays. L'alya étant clandestine nous ne pouvions "monter" que un par un et sans faire de vagues. J'avais réussi à envoyer mon petit frère à Grenoble dans une maison d'enfants qui devait préparer tout les gosses pour le voyage et l'alya. J'étais EI et préparais mon départ pour la harchara en Israël avec Castor et Chameau. Ma sœur et moi avons décidé de rendre visite à notre petit frère à Grenoble et de là nous nous sommes dirigés vers Paris en stop. J'avais 19 ans, ma sœur 14ans. Nous dormions dans des villages dans la tente que nous montions chaque jour. Nous avons traversé un village où il y avait une foire très animée et joyeuse, et là j'ai vu deux enfants, une fille et un garçon. la fille portait un maguen David en or et je lui ai demandé " qu'est ce que c'est?": (il est vrai que je n'en croyais pas mes yeux). La jeune fille m'a demandé: "pourquoi? Vous êtes juifs?" oui..."Où habitez-vous?" j'ai expliqué que nous campions de ville en ville pour arriver à Paris. La jeune fille Mali a répondu que chez elle, à la maison c'est petit, mais ils peuvent planter la tente dans le jardin. Les deux jeunes scouts ont commencé à monter leur tente sous le tilleul à Preuilly et Mali a couru raconter sa rencontre aux parents qui ont aussitôt fait rentrer les deux Ei à la maison à Preuilly.(Moshe Peretz était très ému et ses yeux se remplissaient de larmes pendant son récit.) Il raconte encore que les enfants, Mali et Lucien se sont tellement attachés à ces visiteurs qu'il leur était impossible de reprendre la route. Il pense qu'il est resté à la maison de Preuilly 4 ou 5 nuits. C'est là que Moshe, qui devait peut être s'appeler Maurice en France, à commencé à raconter... A raconter un monde que Mali absorbait de tous ses yeux: Moshe parle de cheveux très noirs et des yeux noirs… Il a parlé d'Orsay, il a raconté le travail de Castor, il a fait part de son projet : créer un "garin" en Israël dans un kibboutz. Moshe Peretz a été en relation épistolaire avec Mali un certain temps et dit l'avoir rencontrée en Israël en 1956 lors du voyage de Manitou et la promotion. Dans ce voyage il y avait des cours donnés par le rav Kook lui-même et Moshe Peretz servait d'interprète. Il est important de noter que cette rencontre n'a pas été seulement une révélation pour Mali: 13 ans, 1949... Mais aussi pour Moshe Peretz lui même. En effet les EI du Maroc avaient été préparés à rencontrer en France des survivants de la guerre, mais soudain en pleine campagne française, ces rencontres, avec deux enfants juifs puis avec leurs parents à l'accent ashkénaze prononcé et un petit bébé né après la guerre (c'est moi Geneviève) étaient pour lui une vision qu'il n'a jamais oubliée.

Je vous laisse deviner l'atmosphère de la rencontre, l'émotion profonde qui y régnait. Je lui ai raconté les suites que cet événement avait engendrées pour Mali et toute la famille... Cette révélation: des enfants juifs mangeaient encore cacher après la guerre. Le rallumage de la flamme du judaïsme qui vacillait…Moshe pleurait. Il avait manqué Mali de quelques années et moi pourtant j'étais sûre que Mali était quelque part avec nous.

15 février 2010 06:30